Prise de décision à deux
- astridmariesallets
- 27 mars
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 avr.
J’écris ces lignes à l’instant où nous revenons de quelques jours de vacances passés en famille avec notre fils. Cela me surprend comme nos vacances nous font quasiment à chaque fois cet effet-là : cette pause dans nos habitudes et projets déclenche des prises de conscience insoupçonnées (pas toujours très confortables d'ailleurs). Des besoins négligés dans le rythme de notre quotidien refont surface et se manifestent avec plus de clarté.
Et cela finit par s’imposer à nous d’avoir à prendre certaines décisions.
Cela tombe plutôt bien : la décontraction des vacances nous amène d’autre part particulièrement dans le cœur, cet espace libre de nos êtres qui au juste sait les décisions ajustées et fructueuses.

Dans la tranquillité des vacances, les ressentis de chacun osent se dire plus facilement. On est par ailleurs plus disponibles à nos intuitions. Et on écoute très souvent avec une curiosité différente de celle du quotidien l’ensemble des éléments qui se partagent par les uns et les autres au fur et à mesure des vacances. Et émergent ainsi des points de vue, des idées, et finalement des décisions créatives et abondantes... qui mettent la patate ! Je suis bel et bien une adepte des vacances et des temps libres partagés en famille :-) Ils amènent avec beaucoup de fluidité et de légèreté des prises de conscience et des décisions pour certaines essentielles à prendre ensemble.
Une demi-journée, deux, ou trois jours ? Alors à quand votre prochain temps de vacances ;-) ?
Pour aller un peu plus loin dans cette thématique des prises de décision en couple, je te partage ce graphe des « 5 positions dans une prise de décision » (issu du modèle Thomas-Kilmann) : je le trouve si pertinent.

L’axe vertical représente le degré d'importance accordé à ce que je veux : en bas j’accorde peu d’importance à mon envie et en haut beaucoup. L’axe horizontal représente lui le degré d’importance accordé à ce que l'autre veut : à gauche j’accorde peu d’importance à son envie et à droite beaucoup.
En découlent 5 positions :
- Je m’impose : ma solution prime.
- Je coopère : on crée notre solution qui répond tant à mon envie qu’à la tienne. Cette position implique de revenir à nos ressentis plus profonds, aux besoins qui sous-tendent nos envies, pour parvenir à créer une solution dans laquelle chacun se retrouve pleinement.
- Je coupe la poire en deux : moitié ma solution-moitié ta solution, chacun s’y retrouve à moitié.
- Je me retire : aucune solution ne se vit.
- Je cède : ta solution prime.
La proposition de ce graphe est de comprendre qu’aucune de ces 5 positions n’est ni bien ni mal : elles portent chacune leurs avantages et leurs inconvénients. Néanmoins une position va souvent s’avérer plus ajustée que les autres. C’est selon la situation et selon le moment dans la situation, chaque situation étant unique.
Par exemple : dans le vif de l’émotion, il peut être plus approprié de se retirer un temps pour réguler son émotion avant de revenir vers l’autre sur une autre position. Ou encore : alors que j’ai l’habitude de facilement m’imposer dans toutes les petites décisions prises au quotidien qui impactent peu, mieux vaut que je cède plus régulièrement pour plus d’équilibre entre nos deux univers. Et bien sûr : quand un sujet est particulièrement sensible de part et d’autre, il est souvent approprié de coopérer.
Ce graphe m’a beaucoup aidé à prendre du recul dans nos processus de prise de décision en couple, avec cette double question : Où suis-je positionnée ? Autrement dit, suis-je en train de m'imposer, de me retirer, de coopérer, etc. ?
Et est-ce adapté de me positionner ainsi à ce moment-ci de notre processus de prise de décision ?
Si je reviens à l'intérieur de moi, qu'est ce que je ressens ? Que dit mon cœur ?
Par ailleurs, je peux parfois identifier avec clarté la position la plus appropriée à adopter et pourtant être en difficulté de tenir cette position. C’est chacun selon son histoire que l’on va avoir plus ou moins facile à vivre sereinement certaines de ces positions.
Je te partage cette astuce à laquelle j’ai régulièrement recours pour « tenir ma position » (pour tenir l’expérience de céder quand bien même j’ai très envie de m’imposer par exemple) :
Ce qui m’aide c’est de revenir à mon intention profonde : Qu’ai je envie de vivre ?
Admettons que nous soyons en train de décider de la destination de nos prochaines vacances (je vous ai donné envie non ;-) ?) et que j’ai très envie de plage et mon compagnon de montagne… L’idée est donc de revenir à Qu’ai-je envie de vivre ? Est-ce du repos, du dépaysement, du divertissement, de la complicité, de l’intimité, de l’aventure… ? Une fois que j’ai identifié mes deux ou trois mots-phares par un temps de centrage, que je me suis ainsi reconnectée à mes besoins essentiels, je peux lâcher-prise plus facilement, revenir à moi et me laisser guider par mon cœur. Il me raconte peut-être : « Ose ici te retirer encore un temps Astrid, quelque chose décante, tu as besoin de recul avant de rediscuter de ce sujet avec Sylvain » ou à l'inverse « Quand bien même tu bredouilles, ose ici t’exprimer pleinement, c’est le moment, laisser parler ce qui vient ». Mon cœur connaît le chemin vers ce qui m’est essentiel. Et en conscience de ce qui m’est essentiel, je peux plus sereinement vivre la position la plus adaptée dans une situation donnée.
Enfin, mon dernier tip au sujet des prises de décision en couple : célébrez vos (petites et) grandes décisions !
Pourquoi pas en vous offrant un cadeau :-)

Voilà un exercice dans lequel tu vas offrir un cadeau (imaginaire) à ton/ta partenaire et en recevoir un de sa part.
Si tu es célibataire, je t’invite vivement à vivre cet exercice avec un(e) ami(e). C’est un exercice puissant.
Allongez-vous ensemble côte à côte, prenez soin de fermer les yeux, puis laissez-vous guider par la visualisation intérieure ci-après :
Commencez par quelques respirations conscientes : ressentez simplement l’air qui entre et sort de votre corps. Soyez curieux(se) du rythme de votre respiration, et de sa position dans votre corps (centrée au niveau des clavicules ? de la cage thoracique ? du ventre?). Une fois que vous vous sentez présent à votre respiration, déplacez à votre rythme votre attention dans votre bassin.
Puis de là, visualisez un lieu dans lequel vous vous sentez particulièrement en sécurité. Ce peut être un lieu qui existe vraiment ou un lieu imaginaire (comme un lac, un grand rocher, une clairière…). Soyez curieux de ce qui vient spontanément à votre esprit : c’est l’environnement dont votre corps doit particulièrement avoir besoin à cet instant. Prenez soin de vous en imprégner : ressentez les couleurs qui vous font du bien ; de même il y a là peut-être des sons qui vous amènent particulièrement du confort (des rires d’enfants, de l’eau qui ruisselle…), profitez-en ; voyez si une odeur attire votre attention (l’humus au sol, le parfum d’une fleur...) et laissez infuser ; enfin touchez les matières qui vous inspirent (la roche, l’herbe, le vent qui effleure votre peau, le soleil qui vous réchauffe…). Faites tout ce qui vous fait du bien dans cet environnement !
Puis laissez apparaître un contenant (une boîte, un panier, un coffre…). Et observez-le : sa taille, sa forme, sa couleur, sa matière… Vous pouvez le toucher également, l’apprivoiser. Dans ce contenant se trouve un objet que vous allez offrir à votre partenaire. Quand vous vous sentez prêt(e) et à votre rythme, ouvrez le contenant et regardez ce qui s’y trouve. Ce peut être un objet ou quelque chose de plus impalpable, peu importe, restez curieux(se). Observez sa forme, sa lueur, son odeur, son poids… Et laissez vous toucher par cet objet, observez ce qui vous touche dans cet objet.
Ensuite, laissez également apparaître votre partenaire dans ce lieu. Et à votre rythme rejoignez-le pour lui offrir votre objet. Prenez le temps de sentir comment c’est pour vous de lui offrir ce cadeau, est-ce confortable, inconfortable, joyeux, doux, stressant ? Et voyez ensuite comment il/elle reçoit votre cadeau, comment il/elle est réceptif(ve) à votre cadeau. Enfin prenez le temps de savourer ce moment de vulnérabilité partagé avant de revenir à votre présence dans la pièce.
Une fois revenus chacun à vous, prenez aussi un temps d’échange. Racontez-vous chacun à votre tour votre voyage : ce lieu dans lequel vous vous trouviez, l’objet que vous avez trouvé, comment il vous a touché, comment c’était pour vous de l’offrir, pour l’autre de le recevoir...
Et pour terminer, remerciez-vous de ce moment partagé !
J’ai proposé à plusieurs reprises cet exercice au sein de mon cabinet, il en ressort des trésors merveilleux, savoureux à offrir et à recevoir... et qui souvent ne font pas du tout sens sur le moment :-). L’idée n’est pas de chercher à comprendre la symbolique, mais plutôt de laisser la puissance de l’image agir, en profitant des sensations de plaisir générées par le partage de cadeaux.
Qu’il est doux de rester dans cette joie des cadeaux, aussi quand on aborde les zones plus houleuses et douloureuses de la relation amoureuse.
Ces endroits de la relation où les comportements de notre partenaire viennent au juste appuyer là où déjà on a eu tellement mal auparavant (auparavant dans cette relation-ci ou auparavant dans nos relations passées familiales, amicales et amoureuses). Ces endroits où l’on a au juste besoin d’une attention particulière. Qu’il est bon de rester connecté à l’énergie du cadeau à ces endroits-là.
Quand j’ai cette attente vis-à-vis de mon partenaire qu’il/elle change par ce que ça me fait si mal, très souvent ce sont des endroits où :
Soit je n’exprime pas mon besoin, n’en ai parfois même pas conscience et peux finir par imploser ou exploser à un moment ; Soit à l’inverse je demande et redemande et redemande… jusqu’à finalement ne plus oser demander tant j’ai peur qu’à nouveau il/elle n’entende pas, ne me comprenne pas ou n’évolue pas à la mesure de ma souffrance.
Au juste à cet endroit là, il y a un cadeau.
Tu peux transformer cette attente douloureuse que tu réprimes, en un puissant cadeau.

Je t’offre ici un léger aperçu de mon travail au cabinet : en grand résumé, j’aide les couples à transformer leurs frustrations récurrentes et douloureuses en un puissant cadeau. Je les aide à identifier le cadeau puissant qui se cache dans leur souffrance, et à le mettre au monde. Je les aide à le porter, à porter leur cadeau, et finalement à l’offrir à leur partenaire.
Les couples qui vivent ce processus sont transformés. C’est puissant de passer de la souffrance au cadeau offert inconditionnellement. Et de recevoir inconditionnellement. C’est une voie de guérison très abondante.
Je te propose de poursuivre ces notions de façon concrète dans le prochain article.
Et d’ici là, profite de vos cadeaux imaginaires partagés :-)
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